Récit de voyage

[Agone de Nerevar]

Récit de Voyage

En fin d’après-midi, le soleil tapait encore. Quelques gouttes de sueurs roulèrent sur mon front et frappèrent le sol meuble des Dunes du Désespoir. Un sentier régulièrement emprunté par les animaux se dessinait sur le sable encore brûlant. Sans doute devait-il y avoir un plan d’eau proche.
J’ai les plus grandes peines à avancer. La chaleur, la fatigue, les stigmates de mes combats de la journée ? A présent mes jambes se raidissent, mes bras s’engourdissent, mon cœur semble ralentir et je plonge dans le noir …

Des images du passé me tiraillent. Mon père. Une porte. Un homme étrange. Une carte. Des souvenirs enfouis au plus profond de ma mémoire. Sont-ce seulement des réminiscences ? Ne s’agit-il pas de visions ? Cet arbre en plein désert. je ne l’ai jamais vu, cette main que l’on me tend … à qui appartient-elle ? Je la prends.

Je m’éveille. La nuit était tombée. Il fait frais et humide. J’ai quitté le désert ? où suis-je ?

[Agone de Nerevar]

Une goutte d’eau tombe sur ma main.

En levant la tête je m’aperçois que le plafond de la grotte suinte. Elle est très humide. De la mousse recouvre les murs telle une tapisserie naturelle et des flaques d’eau éparses réfléchissent la lumière feutrée de cet endroit. Quelques puits de jour perçent la roche et déversent leurs rayons avec paresse.

Comment suis-je arrivé là ? Des marques sur le sol, à mes pieds, m’évoquent les portails de téléportation que l’on trouve dans le désert. Certes, il n’y avait pas d’arche mais elle y était représentée. J’aurais donc foulé le sol d’un portail oublié encore actif qui m’aurait mené en cet endroit. Je ne vois que cette explication.

La lumière diminue. La température baisse. Pendant le temps de ma réflexion l’atmosphère de la grotte a soudainement changé. Je ne vois pratiquement plus rien. Un frisson me parcourt le dos.

Tout d’un coup dans une lumière aveuglante une silhouette se dessine. La lumière s’estompe. Je connais ce visage. Mais jambes me lâchent, me voilà à genou. Il n’est pas de chair et d’os.
Quelle étrange situation : un fils apeuré devant le spectre de son défunt père.

Sa voix grave fît vibrer mes entrailles :

« Agone, mon cher fils, le malin est plus proche que tu ne le penses. Il te faut reconstituer au plus vite l’Ordre du Désert. Ta guilde n’est pas suffisamment puissante pour faire face à ce qui t’attend. Retrouve ton frére Antis de Nerevar et convainc-le de revenir dans le droit chemin. Ce n’est qu’ensuite que je reprendrai contact avec toi et t’expliquerai la suite de mon plan. Pars sur les Monts Quitsuo au plus vite »

Il leva les bras au ciel. Mon esprit alors se brouilla et il disparut.
Dans mon dos, le portail s’était actionné et m’attirait vers lui. Je le franchis.

Un larme s’infiltra dans le sable avide.